d’un seul coup à tous les autres mondes, à tous les
anciens mondes ensemble en bloc et de leur côté. Nous
avons connu, nous avons touché un monde, (enfants
nous en avons participé), où un homme qui se bornait
dans la pauvreté était au moins garanti dans la pauvreté.
C’était une sorte de contrat sourd entre l’homme
et le sort, et à ce contrat le sort n’avait jamais manqué
avant l’inauguration des temps modernes. Il était
entendu que celui qui faisait de la fantaisie, de l’arbitraire,
que celui qui introduisait un jeu, que celui qui
voulait s’évader de la pauvreté risquait tout. Puisqu’il
introduisait le jeu, il pouvait perdre. Mais celui qui ne
jouait pas ne pouvait pas perdre. Ils ne pouvaient pas
soupçonner qu’un temps venait, et qu’il était déjà là, et
c’est précisément le temps moderne, où celui qui ne
jouerait pas perdrait tout le temps, et encore plus sûrement
que celui qui joue.
Ils ne pouvaient pas prévoir qu’un tel temps venait, qu’il était là, que déjà il surplombait. Ils ne pouvaient pas même supposer qu’il y eût jamais, qu’il dût y avoir un tel temps. Dans leur système, qui était le système même de la réalité, celui qui bravait risquait évidemment tout, mais celui qui ne bravait pas ne risquait absolument rien. Celui qui tentait, celui qui voulait s’évader de la pauvreté, celui qui jouait de s’évader de la pauvreté risquait évidemment de retomber dans les plus extrêmes misères. Mais celui qui ne jouait pas, celui qui se bornait dans la pauvreté, ne jouant, n’introduisant aucun risque, ne courait non plus aucun risque de tomber dans aucune misère. L’acceptation de la pauvreté décernait une sorte de brevet, instituait une sorte de contrat. L’homme qui résolument se bornait