Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°5-8, 1913.djvu/198

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l’argent


obstinée, mais chez d’autres aussi se maintint comme une simple ardeur de combat, comme une belle ardeur joyeuse. C’est une règle absolue depuis le commencement de ces cahiers, c’est notre principe même et notre fondamental statut et, je pense, le meilleur de notre raison d’être que l’auteur est libre dans son cahier et que je ne suis là que pour assurer le gouvernement temporel de cette liberté.

Cette règle fondamentale n’a jamais souffert aucune exception. Elle n’allait pas en souffrir une quand la copie m’était apportée par un des hommes à qui je suis le plus attaché.

Cette règle fondamentale, obstinément suivie depuis quinze ans, et qui sera suivie aussi longtemps que la maison sera debout, nous a coûté cher. C’est à elle, et à elle presque uniquement, que nous devons les quinze années de pauvreté par lesquelles nous venons de passer. C’est à elle que nous devrons celles qui nous attendent. Et encore, quand je dis que c’est de la pauvreté, c’est par décence et moi-même je manque un peu à mes définitions. Nous savons très bien qu’il n’y a d’argent que pour ceux qui entrent dans les partis et qui font le jeu des partis. Et quand ce ne sont pas les partis politiques il faut au moins que ce soient les partis littéraires.

Telles sont pourtant les mœurs de la véritable liberté. Être libéral, c’est précisément le contraire d’être moderniste et c’est par un incroyable abus de langage que l’on apparente ordinairement ces deux mots. Et ce qu’ils désignent. Mais les abus de langage les moins indiqués sont toujours ceux qui réussissent le mieux. Et c’est ici une incroyable confusion. Et je ne hais rien

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