Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/118

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pouvons savoir que c’est une brimade et un canular et nous pouvons trouver qu’il est exagéré (le canular). Mais ceux qui ne le connaissent pas, (qui ne connaissent pas M. Seignobos), (le public), pourraient croire qu’il est fou : ou qu’il ment.

§. — Je suis l’homme le plus libéral du monde ; pourvu que le libéralisme ne soit pas l’ignavia. Je suis plus libéral que tous ces libéraux et tous ces libertaires qui en font tant de cérémonies. Je ne dis pas que l’on est forcé de croire que l’on aura la guerre, mais je dis que c’est une folie de garantir qu’on ne l’aura pas.

§. — Il y a là, de la part de cet historien, une méconnaissance, une ignorance, un oubli incroyable de ce que c’est que la réalité même de l’événement, et de l’événement proprement historique. On peut à la rigueur avoir l’opinion qu’il n’arrivera rien, bien qu’il soit extrêmement difficile de penser que tout cela finira sans qu’il finisse par arriver quelque chose. Mais enfin c’est à la rigueur et pour ainsi dire à la limite une opinion. Ce qui est fou, ce qui est une gageure, dans une situation comme celle-ci, c’est de garantir qu’il n’arrivera rien. Il faut être professeur, et professeur d’histoire, pour tenir le coup à une telle gageure. L’habitude qu’ils ont prise de savoir la guerre mieux que Napoléon et la paix mieux qu’Auguste et que Napoléon leur a donné cette assurance.

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