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Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/154

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cahiers de la quinzaine

§. — Si les Alsaciens-Lorrains, dit Pressensé, veulent leur autonomie, ils n’ont qu’à se la procurer eux-mêmes. Si c’est une plaisanterie, et si c’est une facétie, je dois dire que je ne connais rien de plus monstrueux et de plus odieux que cette dérision. Et rien de plus stupide. Et rien de plus imbécile. Et rien d’aussi sournoisement et d’aussi sauvagement cruel. Et rien d’aussi bourgeois, d’une cruauté aussi intellectuelle, aussi bourgeoise. Et d’une aussi amère dérision de bourreau. Ou plutôt de la seule dérision qui soit plus cruelle encore que la dérision du bourreau : de la dérision du spectateur. Est-ce qu’on nous a dit que la Finlande fasse elle-même, et l’Arménie elle-même, et la Pologne elle-même. Est-ce qu’on nous demande que les nègres opprimés fassent eux-mêmes.

§. — L’idée de la paix à tout prix et de la politique de M. de Pressensé, l’idée centrale du pacifisme, (car je lui donne un centre), c’est que la paix est un absolu, c’est que la paix est même le premier des absolus, c’est que la paix a un prix unique à ce point que mieux vaut une paix dans l’injustice qu’une guerre pour la justice. C’est diamétralement le contraire du système des Droits de l’Homme où mieux vaut une guerre pour la justice qu’une paix dans l’injustice.

§. — Ou encore dans le système paix la justice n’est rien, au prix de l’ordre. (On voit que je donne à ce

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