Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/98

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le lourd soldat a mesuré la terre à ce que l’on nomme si improprement la douceur virgilienne et qui est une mélancolie d’une qualité sans fond.

§. — Il faut aller plus loin. Non seulement c’est le soldat romain qui a porté la voûte romaine et qui a mesuré la quantité de terre, mais il a porté le temple et il n’a pas seulement mesuré la terre pour la mélancolie virgilienne, il a mesuré la terre pour les deux seuls grands héritages de l’homme ; pour la philosophie et pour la foi ; pour la sagesse et pour la foi ; pour le monde antique et pour le monde chrétien ; pour Platon et pour les prophètes ; pour la pensée et pour la foi ; pour l’idée et pour Dieu.

§. — Le soldat romain a mesuré la terre et séparé les peuples en deux. Il y a ceux qui en ont été et ceux qui n’en ont pas été et éternellement il y aura ceux qui en ont été et ceux qui n’en ont pas été. Ce qui fait que Virgile est dans Racine et dans Hugo, et Homère dans Racine, et le virgilien dans le racinien, non point comme un étranger appris, mais comme un frère et comme un père, ce n’est point Virgile même, c’est le soldat romain qui l’a fait.

§. — Mais il n’a pas fait seulement les langues

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