M. URBAIN GOHIER
De retour en France après une absence de cinq mois, je prends connaissance du seizième cahier de la troisième série, où vous avez étudié l’attitude de mon loyal ami, M. Francis de Pressensé, à l’occasion de ma campagne contre le citoyen Jaurès et à l’occasion de mon départ de l’Aurore.
Sur le premier point (pages 37 et 38), vous reprochez à M. de Pressensé d’être resté muet quand j’accusais le citoyen Jaurès de trahison politique et de malpropreté financière, tous les jours, durant des semaines. Vous demandez pourquoi M. de Pressensé ne prenait pas parti et continuait ses relations amicales avec l’accusateur aussi bien qu’avec l’accusé.
Pardonnez-moi : M. de Pressensé a toujours pris parti ; je ne sais pas ce qu’il disait au citoyen Jaurès quand ils se serraient la main ; mais je sais bien que, dans les bureaux de l’Aurore, M. de Pressensé partageait mon opinion. Il n’approuvait pas la forme de mes articles, disait-il ; mais il en approuvait hautement le fond. Je ne saisissais pas bien la nuance, parce que je ne connais qu’une manière d’exprimer ma pensée. Mais l’approbation « du fond » me suffisait.