Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/252

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par l’histoire des savants, des artistes et des philosophes, surtout en ce que la troisième a eu de connexe aux deux premières, que les savants et que les artistes professionnels qui ont voulu se mêler de métaphysique y ont généralement fort mal réussi, et les savants, il faut leur faire cette justice, encore beaucoup plus mal, s’il est possible, que les artistes. Il est fort heureux que les historiens professionnels n’aient généralement pas eu la pensée de se mêler de métaphysique, et même généralement de philosophie, car on ne voit pas de raison pour qu’ils y eussent réussi davantage. Et ainsi nous aurions peut-être beaucoup plus de métaphysique et de philosophie, mais elle serait mauvaise ; et nous aurions, d’autant, beaucoup moins d’histoire, qui a pu être fort bonne.

Les œuvres des autres sont telles qu’on voit fort bien comment un homme intelligent, à force d’intelligence, pourrait en faire autant. Il y suffirait, à la rigueur, d’un prodige d’intelligence. Au contraire ces œuvres que j’ai nommées essentielles, on ne voit absolument pas comme elles sont faites, elles sont du donné, comme la vie elle-même.

L’intelligence y nuirait plutôt, c’est à peu près tout ce que l’on en peut dire. Et même on a l’impression qu’il y a entre elles et l’intelligence une antipathie, profonde, une invincible contrariété intérieure. Tous les gens intelligents que nous connaissons, et cette engeance