Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
les tapisseries


Toute âme qui se sauve ainsi sauve son corps.
Toute âme qui se perd entraîne son besson.
Toute âme qui se pose au fond des derniers ports
Est comme un double oiseau sur un dernier buisson.

Toute âme qui se sauve emporte aussi son corps,
Comme une proie heureuse et comme un nourrisson.
Et toute âme qui touche aux suprêmes abords
Est comme un moissonneur le soir de la moisson.

Tout âme qui se sauve ensauve aussi son corps,
Comme une sœur aînée emporte un nourrisson.
Et toute âme qui touche aux suprêmes rebords
Est comme un moissonneur au bord de la moisson.

Et l’arbre de la grâce et l’arbre de nature
Se sont liés tous deux de nœuds si fraternels
Qu’ils sont tous les deux âme et tous les deux charnels
Et tous les deux carène et tous les deux mâture.

Et tous les deux créés et tous deux créature,
Et tous les deux vaisseaux sur le même Océan.
Et tous les deux armés de la même armature,
Et tous les deux berceaux sur le même néant.