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ÈVE


Et l’éternité même est dans le temporel
Et l’arbre de la grâce est raciné profond
Et plonge dans le sol et touche jusqu’au fond
Et le temps est lui-même un temps intemporel.

Et l’arbre de la grâce et l’arbre de nature
Ont lié leurs deux troncs de nœuds si solennels,
Ils ont tant confondu leurs destins fraternels
Que c’est la même essence et la même stature.

Et c’est le même sang qui court dans les deux veines,
Et c’est la même sève et les mêmes vaisseaux,
Et c’est le même honneur qui court dans les deux peines,
Et c’est le même sort scellé des mêmes sceaux.

C’est le même destin qui court dans les deux chances.
Et c’est la même mort qui meurt dans les deux morts.
Et c’est le même effroi qui court dans les deux transes.
Et la même bonace au sein de ces deux ports.

Toute âme qui se sauve aussi sauve son corps.
Toute âme qui périt entraîne son jumeau.
Toute âme qui se pose au long des derniers bords
Est comme un reposoir dans un dernier hameau.