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ÈVE


Ces sentiers qui menaient leur naïve rudesse,
Et quand ils trembleront dans ce dernier trépas,
Pourrez-vous allumer pour éclairer leurs pas,
Dans cette incertitude et dans cette faiblesse,

Aïeule du lépreux et du grand sénéchal,
Saurez-vous retrouver dans cet encombrement,
Pourrez-vous allumer dans cet égarement
Pour éclairer leurs pas quelque pauvre fanal,

Et quand ils passeront sous la vieille poterne,
Aurez-vous retrouvé pour ces gamins des rues,
Et pour ces vétérans et ces jeunes recrues,
Pour éclairer leurs pas quelque vieille lanterne ;

Aurez-vous retrouvé dans vos forces décrues
Le peu qu’il en fallait pour mener cette troupe
Et pour mener ce deuil et pour mener ce groupe
Dans le recordement des routes disparues.

Nous nous sommes rangés sous une loi si dure,
Aïeule de l’esclave et du législateur,
Nous nous sommes rangés sous une foi si pure,
Aïeule du despote et du conspirateur.