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ÈVE


Ô femme qui fermez les regards des mourants
Sur le dernier aspect qu’ils auront eu du monde,
Et qui les refermez sur cette nuit profonde,
Ô femme qui cueillez des souffles expirants,

Vous rangez le Seigneur au fond du sanctuaire,
Vous rangez le calice : après qu’il est empli.
Vous rangez le cantique avec l’obituaire.
Et vous rangez le sort : quand il est accompli.

Et vous rangez le mort : après qu’il est bien mort.
Et vous rangez les temps : quand ils sont révolus.
Et vous rangez les jours : quand ils sont absolus.
Vous rangez le vaisseau : quand il est dans le port.

Vous rangez les enfants : quand ils sont résolus.
Vous rangez le sépulcre et la croix de par Dieu.
Vous rangez les trois croix sur le dernier haut lieu.
Et vous rangez le cœur : après qu’il ne bat plus.

Vous rangez le martyr : au fond du tombereau.
Et vous rangez la foule : après qu’elle a suivi.
Vous avez pu ranger le glaive et le fourreau
Et le soldat lui-même : après qu’il eut servi.