Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
ÈVE


Mais vous savez aussi de quoi l’homme déroge.
C’est de son origine et c’est de sa noblesse.
Et de sa hauteur d’homme et c’est de sa hautesse.
Et par là vous savez ce que l’homme s’arroge :

C’est le droit d’être bas quand la règle est trop haute.
Et le droit d’être haut quand la règle est trop basse.
Et le droit de pécher sans commettre de faute.
Et le droit de passer quand la règle se lasse.

Et le droit de broncher quand la règle se tasse.
Et le droit d’être absent quand Dieu même est son hôte.
Et le droit de sombrer sans se mettre à la côte.
Et le droit de casser quand la règle se casse.

Et par là vous savez par quoi l’homme se perd.
Il veut se dire grand et ne pas voir qu’il baisse.
Il veut se dire fort quand il cède et s’affaisse.
Il veut se dire libre, et ne pas dire qu’il sert.

Et par là vous savez combien l’homme se trompe
Quand il dit qu’il offense et quand il dit qu’il plaide.
Il a mal mesuré combien sa vie est laide
Et qu’il faut qu’elle plie et qu’il faut qu’elle rompe.