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ÈVE


Seule vous le savez, nos contemplations
Ne contemplent jamais qu’un ciel dépossédé.
Nous n’apportons jamais dans nos libations
Qu’une lèvre contrainte et un cœur obsédé.

Seule vous le savez, nos contemplations
Sont lourdes du dedans, ô mon âme, ô ma mère.
Nous n’apportons jamais sur un autel sommaire
Que des vœux pleins d’ordure et d’explications.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais devers le roi du ciel.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que des cœurs pleins d’écume et des cœurs pleins de fiel.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais que vers le temporel.
Nous n’apportons jamais qu’au temple corporel
Notre cœur et nos vœux et nos donations.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais que vers les rois charnels.
Nous n’apportons jamais aux temples éternels
Notre cœur et nos vœux et nos vocations.