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ÈVE


L’enfant levait les yeux vers les énormes yeux
Plus profonds et plus doux que l’énorme Océan.
Novice il contemplait dans ce miroir géant
La profondeur des mers et le reflet des cieux.

L’enfant levait les yeux vers ce miroir béant
Où se réfléchissait la bonté de ce monde.
Un amour se peignait sur la face profonde,
Noyé dans le reflet d’un palpable néant.

Le soleil qui passait par les énormes brèches
Éclairait un enfant gardé par du bétail.
Le soleil qui passait par un pauvre portail
Éclairait une crèche entre les autres crèches.

Mais le vent qui soufflait par les énormes brèches
Eût glacé cet enfant qui c’était découvert.
Et le vent qui soufflait par le portail ouvert
Eût glacé dans sa crèche entre les autres crèches

Cet enfant qui dormait en fermant les deux poings
Si ces deux chambellans et ces museaux velus
Et ces gardes du corps et ces deux gros témoins
Pour le garer du froid n’eussent soufflé dessus.