Page:Cahiers de la Quinzaine - Série 15, cahiers 4-6, 1914.djvu/438

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ne s’en fait pas une parure. Il n’avoue pas une faiblesse, pour s’orner de cent vertus. Sa misère, ses péchés ; ses besoins, ses amours patibulaires ; ses plaisirs prostitués, son repentir et ses rechutes ; ses chaudes lippées dans la fange, et toujours sans vergogne ; ses terreurs et ses sueurs froides, tout le mal qu’on peut dire de lui, c’est de lui qu’on le sait. Il ne s’épargne pas.

D’où vient le charme unique de Villon ? Il est la rose parlante de sa sincérité, l’ail dur et le coquelicot aussi. Sa langue n’est pas la plus belle de France ; et elle plaît, comme si elle avait plus de beauté qu’une autre. Il n’a pas d’images éclatantes ; il n’en a presque pas du tout. Il ne fait rien de la nature. Pour lui, il n’est passage que de la ville. Le cimetière est sa campagne ; ses couchers de soleil, les rixes dans la rue.

Cette langue plaît par la saveur