Vous avez pu compter, aïeule confidente,
À quel taux j’ai placé la couronne d’épines.
Vous avez pu noter, aïeule très prudente,
Ce que m’ont rapporté mes strictes disciplines.
Vous avez pu compter, maîtresse de maison,
À quel taux j’ai placé le repas de ma table.
Vous avez pu compter en ma jeune saison
À quel taux j’ai loué ma place dans l’étable.
Vous avez pu compter, maîtresse de raison,
À quel taux j’ai loué la pierre pour ma tête.
Vous avez pu compter, maîtresse d’oraison,
À quel taux j’ai placé la prière et la fête,
Et ce dernier repas dans un dernier hôtel.
Vous avez pu compter, aïeule respectable,
À quel taux j’ai placé ma mort inéluctable,
Et combien j’ai payé sur un dernier autel.
Ô femmes qui pouvez dans le secret du cœur
Classer la liaison désormais étrangère,
Et classer la victoire et classer le vainqueur,
Et classer une foi désormais mensongère.