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ÈVE



Vous voyez s’en aller cette double puissance,
La puissance d’aimer et celle d’obéir.
Vous voyez succomber cette double décence,
La décence d’aimer et celle de faillir.

Vous regardez sombrer cette double clémence,
La clémence d’amour et de fraternité.
Vous regardez monter cette double démence,
La démence de haine et d’inhumanité.

Et moi je vous salue, ô reine de décence.
Vous rangez le fumier dans le fond du jardin.
Vous balayez le seuil et le premier gradin.
Et vous vous avancez, merveille d’innocence.

Et vous vous tenez là, reine de réticence.
Et l’homme n’est qu’un sot devant votre balai.
Des ordures du jour vous faites un remblai,
Un tas devant la porte, et par obéissance

Vous ramassez la fleur après qu’elle est fanée.
Aux justices de Dieu vous faites un délai.
Des injures du jour vous faites le déblai.
Vous ramassez l’avoine après qu’elle est vannée.

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