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Ève


Quand on n’entendra plus que le sourd craquement
D’un monde qui s’abat comme un échafaudage,
Quand le globe sera comme un baraquement
Plein de désuétude et de dévergondage ;

Quand l’immense maison des vivants et des morts
Ne pourra plus montrer que sa décrépitude,
Quand l’antique débat des faibles et des forts
Ne pourra plus montrer que son exactitude ;

Quand on n’entendra plus que le détraquement
D’un monde qui chancelle et qui se met par terre,
Et quand apparaîtra l’immense manquement
D’un sol toujours solide et toujours sédentaire ;

Et quand se lèveront dans les champs d’épandage
Tant de martyrs jetés dans les égouts de Rome,
Et quand se lèvera dans le cœur de tout homme
Le long ressouvenir de son vagabondage ;

Et quand sur le parvis des hautes cathédrales
Les peuples libérés des vastes nécropoles,
Dans Paris et dans Reims et dans les métropoles
Transporteront l’horreur des chambres sépulcrales ;

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