Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/720

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l’Orient, vers les siècles éteints ; Jehovah faisant sortir d’Égypte son peuple choisi, lui ordonnant de célébrer avec du pain sans levain, à travers les générations, son voyage précipité au désert !

Son père souffrait sans doute de voir le fils aussi indifférent aux traditions qui lui étaient si chères à lui-même, bien que depuis longtemps il fût convaincu de cette vérité amère que ses voies n’étaient pas celles de son fils, que leurs pensées étaient différentes. Il savait son fils un pécheur en Israël, un « Epikouros », un sceptique, un matérialiste égoïste, un amateur de la vie fiévreuse des capitales européennes, dédaigneux des rites de l’alimentation, adepte des choses défendues ; — le fils se regardait lui-même avec les yeux de son père, et le léger sourire qui se jouait sur ses lèvres mobiles devenait plus amer. Ses longs doigts blancs s’agitaient fiévreusement.

Et pourtant il aimait son père ; il admirait la persévérance qui l’avait conduit à la fortune, la générosité avec laquelle il dépensait cette fortune,