Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/730

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pathise avec le mélancolique, l’immuable Orient, avec le mysticisme des cabbalistes, avec l’enivrement des ascètes, la fantastique et frénétique extase des derviches qu’il avait vus danser dans les mosquées turques. Il comprenait ce qu’a d’apaisant une explication satisfaisante des choses, une unité dans l’essence de la vie. Les hommes l’avaient sans doute cherchée dans les anciens mystères d’Éleusis ; les Mahatmas de l’Inde l’avaient peut-être trouvée ; la tradition s’en était perpétuée à travers les âges, méconnue par les races occidentales, et faute de la posséder, il aurait voulu souvent briser sa tête contre le décevant mystère de la vie, comme contre un mur. Ah ! cela est infernal ! Son âme est de l’Orient, son cerveau est de l’Occident. Son intelligence a été nourrie aux mamelles de la Science, qui classifie tout, et n’explique rien. Expliquer, que ce mot est futile ! Les choses sont. Les expliquer, c’est énoncer A en termes de B, et B en termes de A. Qui expliquera l’explication ? Peut-être par l’extase seulement peut-on comprendre ce qui demeure derrière les phénomènes. Mais même ainsi l’essence ne peut être jugée que