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LES ŒUVRES SOCIALES


Il a paru cet hiver, trop obscurément, un petit ouvrage capital sur lequel nous appelons t’attention de nos lecteurs et amis. Ce sont les Réflexions d’un ami[1] sur les œuvres sociales catholiques, rédigées par un savant religieux qui participa autrefois au mouvement social et qui vit retiré aujourd’hui dans un monastère. Ces réflexions datent déjà de vingt ans, mais c’est aujourd’hui qu’elles deviennent actuelles, et dans la nouvelle édition, revue, augmentée et corrigée, qu’en donne M. E. du Passage, elles apparaissent chargées des directions qui s’imposeront à ceux qui voudront entreprendre utilement et heureusement ce que l’on a appelé l’action sociale. On pourra s’étonner qu’elles n’aient point engendré, depuis vingt ans, le mouvement qu’elles commandent. L’extrait que nous en publions ici fera comprendre au lecteur qu’elles étaient singulièrement inactuelles, il y a vingt ans, au moment où tant de catholiques se fourvoyèrent dans des mouvements dits sociaux qui n’étaient que des entreprises libérales ou démocratiques, ou des œuvres de soutènement pour le capitalisme menacé par les revendications ouvrières, ou encore de simples combinaisons mondaines inventées pour faciliter quelques mariages difficiles ou pour conduire quelques hommes « sociaux » à l’Académie des Sciences morales et politiques. Ce monde devait faire le silence dur cet fortes Réflexions, et il l’a fait. Ajoutons que t’on n’a guère parlé de l’édition qui en a été faite il y a quelques mois. Nous prions nos amis d’y chercher d’abord un enseignement, comme nous l’avons fait noue-mêmes, puis de leur taire une fortune et de les publier partout où les erreurs sociales corrompent la vie chrétienne, ou simplement la vie sociale. Il faut répandre ce précieux petit livre où un théologien dont l’autorité est incontestable a découvert la stérilité des œuvres sociales dites catholiques.

Nous n’entreprendrons pas d’en faire ici un résumé impossible ; mais nous en dirons le principe essentiel  : La vie humaine est soutenue dans toutes ses manifestations par des formations sociales, par de véritables sociétés : famille, groupement de familles dans la paroisse, associations professionnelles, nations. C’est dans ces groupements sociaux naturels que les individus doivent se former et

  1. À reculons. Réflexions d’un ami, publiées par E. du Passage (4e édition, revue, augmentée et corrigée). Rome, librairie Pustel, Lille, librairie Giard ; Paris, librairie Lethielleux. Un vol. in-16 de 116 pages. 1 franc. – On a joint malheureusement à cette nouvelle édition une préface d’Henri Bazire qui était au moins inutile.