Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 1, 1912.djvu/48

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Que reprocherions-nous à ces analyses et à ces fortes affirmations ? D’être trop rudes, de trop négliger l’adoucissement qu’ont apporté à l’État et à la propriété des siècles de civilisation chrétienne et française. Mais l’esprit, mais la doctrine sont nôtres, presque sans réserves. — Il serait vain de se demander jusqu’à quel point Proudhon aurait continué ses reconnaissances, ses découvertes. Je ne sais si les sentiers, si les rudes chemins hasardeux qu’il suivait l’eussent amené à la route royale. Mais, à coup sur, il était sur une route française, et nous savons bien où porte la courbe de sa pensée prolongée dans notre siècle. La maison où nous parlons est un des points où revit l’esprit proudhonien. M. le professeur Bouglé et M. Herriot peuvent appeler Proudhon à leur secours ; ce n’est pas chez eux que passe la pensée proudhonienne ; M. Herriot fait de la politique démocratique, M. Bouglé fait des livres pour la démocratie ; qu’est-ce que cela peut avoir faire avec l’œuvre proudhonienne ?

Les fils de Proudhon, c’est nous ; nous, qui ne sommes ni des politiciens, ni des fabricants de livres, nous qui voulons travailler et qui travaillons à l’organisation de notre pays. C’est nous qui faisons revivre ces deux vertus françaises, dont l’une au moins anime toute l’œuvre proudhonienne et dont l’autre y affleure, je veux dire cet esprit d’indépendance, du fierté républicaine et ce loyalisme monarchique qui font que le Flamand, le Breton, le Lyonnais, le Provençal, tout homme du pays français enfin, se fera tuer pour la défense des droits, des libertés qui assurent sa vie, parce qu’il veut vivre en travaillant ou mourir en combattant, mais est prêt à mourir aussi, avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le Roi de France.

Georges Valois.