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Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 1, 1912.djvu/8

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cette irréparable dégradation », confirma point par point ce regard d’une sublime lucidité. L’unité italienne et l’unité allemande noua ont fait perdre tour à tour la prépondérance que nous assurait notre force militaire et l’autorité qu’imposait notre foi. Le cléricalisme a été vaincu, le pape dépouillé, et l’on nous a imposé ce gouvernement dont la seule idée stable est l’abaissement du Saint-Siège, le règne de la franc-maçonnerie et de ses grands-maîtres divers. Si l’Empereur a disparu, sa politique dure : le parti républicain en a été quarante ans légitime et fidèle héritier.

Certes, et nous l’avons dit, avec Drumont, avec George Malet, avec le Junius de l’Écho de Paris, aux avocats de l’empereur : rien n’efface cette responsabilité napoléonienne que Napoléon III lui-même rattache à la tradition de Napoléon Ier ; mais la vérité fondamentale établie, il faut en établir une autre et rappeler aux hommes de gauche, que leurs âmes, leurs pères, leurs maitres et, pour les plus âgés, eux-mêmes, en 1860, ils étaient tout aussi Italiens et Prussiens que Napoléon III ! Sauf Thiers, en qui s’était réveillé l’ancien ministre de la monarchie, l’élève de Talleyrand, qui fut l’élève de Choiseul, tous les républicains et tous les libéraux du dix-neuvième siècle ont été contre le Pape et contre la France avec l’Empereur des Français. Il faut relire dans « Bismarck et la France » ces textes décisifs auxquels nous ramène Bainville : le ministre Ollivier développant à la tribune la thèse idéaliste des nationalités et M. Thiers, traditionnel pour la circonstance, s’écriant « Nous sommes ici tantôt Italiens, tantôt Allemands, nous ne sommes jamais Français », toute la gauche applaudissait, qui ! Émile Ollivier ! Guéroult défendait l’unité allemande, Jules Favre, un des futurs fondateurs de la République, déclarait le 4 juillet 1868 que nous