Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/38

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nécessaire l’intervention de l’Étranger dans l’organisation intérieure des États. Ainsi, par son anarchie et par son impuissance à remplir une fonction quelconque dans l’économie européenne, la Pologne, selon Proudhon, a mérité d’être détruite. Sa destruction lui paraît avoir été exigée par l’existence du corps européen :

« Le démembrement s’est opéré le jour où il a été démontré que la Pologne était pour l’Europe un péril public : j’ose dire qu’on ne trouverait pas, ni dans l’histoire ancienne, ni dans celle du moyen âge, ni dans les temps modernes, un seul exemple d’une exécution aussi bien motivée. La suppression de l’État de Pologne, commandée par la sécurité des puissances voisines… etc. »[1]

Une police européenne doit exister, qui veille au salut de la civilisation et protège les États contre l’invasion des idées anarchiques, et contre la contagion dont peut les menacer un peuple en décomposition.

De plus, à certaines nécessités de la vie économique des peuples européens, il ne serait plus répondu, si la nation qui assure ce service était déchirée par la guerre civile ou plongée soudain dans la barbarie.

Proudhon accorde donc son approbation implicite à l’expédition de 1823. Il s’associe à la politique du Congrès de Vérone, qu’il essaie de condamner, cependant, dans une autre partie de son œuvre[2]. Les commu-

  1. Si les Traités de 1815 ont cessé d’exister, page 302.
  2. Animé du désir de se maintenir dans les cadres de la pensée révolutionnaire, Proudhon pouvait bien critiquer l’expédition d’Espagne. C’est affaire aux historiens de la discuter et de l’apprécier. Comme philosophe politique, Proudhon considérait qu’il y a une Europe, dont les parties ne doivent pas revendiquer leur autonomie absolue comme un droit. Voilà l’essentiel. « Du point de vue français, intimement lié au point de vue européen », M. de Villèle reçoit les applaudissements de Proudhon. L’expérience de l’histoire et l’intelligence des lois éternelles de l’univers confirment et ratifient la pensée de l’un et les actes de l’autre.