Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/40

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de ne rien faire en Europe sans tenir compte des intérêts du catholicisme :

« Vous vous récriez, opposait-il aux italianistes, que vous vous moquez du pape, que vous ne voulez ni de son pouvoir temporel, ni même du catholicisme qu’il représente. Qu’est-ce que cela prouve ? Nous faisons de la politique, en ce moment, non de la théologie. Le catholicisme est-il, oui ou non, la plus grande force morale qui existe sur le globe ? »[1]

Ainsi, les intérêts spirituels et économiques des États, leur sûreté et leur vie politiques, commandent impérieusement une protection internationale, un système européen. Les nations ne sauraient être considérées, en raison même de leurs intérêt vitaux, comme indépendantes les unes des autres. Telle était la grande vérité qu’en une époque de complète anarchie le génie proudhonien retrouvait.

Les dangers que la Haute Finance et l’Internationale Juive figurent pour la Civilisation nous montrent qu’en plus d’un équilibre dans la vie intérieure de l’Europe, la nécessité d’une défense contre les Barbares se fait vivement sentir[2]. Un exemple suffira : aux débuts du mouvement qui devait aboutir à la déchéance de la dynastie mandchoue, alors qu’on redoutait qu’il ne s’accompagnât d’une vaste entreprise de xénophobie, un écrivain français nota avec une surprise mêlée de lamentations que c’était un prétexte à différends entre Pétersbourg, Londres et Berlin.

La division des nations européennes jaillissait naturellement de circonstances qui rendaient manifeste l’urgence d’une action commune. Ainsi sommes-nous,

  1. Si les Traités de 1815 ont cessé d’exister, page 284.
  2. Dans un de nos prochains Cahiers, nous publierons une étude sur la Ploutocratie Internationale, dans ses rapports avec la Civilisation et avec la Nation et la Société françaises.