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Cahiers du Cercle Proudhon



ROUSSEAU JUGÉ PAR PROUDHON


Au moment où la démocratie organisait dans tout le pays des fêtes en l’honneur de l’anarchiste genevois qu’elle regarde justement comme un de ses pères, nous devions à la mémoire de Proudhon de publier les jugements que l’auteur de la Justice a portés sur l’auteur du Contrat social. Le Cercle Proudhon a fait imprimer sur feuilles volantes la page admirable, extraite de l’Idée générale de la Révolution, où Proudhon dénonce le Contrat social comme le « Code de la tyrannie capitaliste et mercantile ». L’Action Française a reproduit également cette page sur l’affiche qu’elle a fait placarder dans Paris : nos feuilles volantes ont été distribuées, par les soins des Camelots du Roi, à la Sorbonne et au Panthéon le jour de la glorification de Rousseau. Nous comptions aujourd’hui ce rappel d’un juste jugement par une page extraite de la Justice. Il faut rappeler aux Français qu’une des plus fortes condamnations, et des plus durement motivées, qu’ait produites le xixe siècle contre l’œuvre de Jean-Jacques est celle de Proudhon. Cette rude condamnation sort du monde même que Rousseau a contribué à créer. Elle porte témoignage que le sang français, que l’intelligence française n’ont pas cessé de protester contre l’anarchie roussienne, même lorsqu’ils subissaient l’empoisonnement des idées quatre-vingt-neuviennes. Ceux qui voudront rechercher la réaction du peuple français, démocratisé malgré lui, devant Rousseau, ne devront pas chercher ailleurs que dans ces fortes pages du plébéien Proudhon. Voici les déclarations authentiques des prétendus sujets de Rousseau sur le règne de leur tyran. Elles concordent avec celles que nous apporte la plus ancienne tradition française, avec celles que fait aujourd’hui l’intelligence française délivrée du joug de 89. Il y reste quelques signes de la passion révolutionnaire ? Gardons-nous de les supprimer. Ils sont la preuve que, vers le milieu du xixe siècle, les fortes têtes qui voulaient demeurer sous le patronage de la Révolution rejetaient l’héritage de celle qui les avait marquées en vain.

Le moment d’arrêt de la littérature française commence à Rousseau. Il est le premier de ces femmelins de