Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/40

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hommes qui étaient des déclassés de toute origine. Par surcroît, je rechercherai tes conditions du salut de la bourgeoisie, c’est-à-dire quels sont les phénomènes sociaux et politiques qui, au commencement du II° siècle, indiquent la direction des forces qui rendront à la bourgeoisie ses vertus propres et la replaceront dans sa fonction nationale.

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Il convient de dire tout d’abord qu’il n’y a plus de bourgeoisie française. Il y a eu en France une bourgeoisie, c’est-à-dire un corps bourgeois, une classe ayant une conscience propre de sa vie particulière, de sa position dans la nation, et des mœurs et traditions qui convenaient à sa fonction. Sa fonction essentielle, c’était, en somme, d’assurer la production industrielle, l’échange commercial, et l’économie, la conservation de capitaux. En outre, elle assumait un certain nombre de charges d’administration publique, où ses vertus privées, ses talents formés dans le travail, étaient appelés à rendre plus de services que les talents et les vertus d’hommes appartenant à toute autre classe. Enfin, après avoir acquis, dans les charges municipales ou judiciaires, le sens du commandement public et le désintéressement, elle était appelée à renouveler la noblesse, à combler les vides que la guerre ou l’épuisement des races produisaient dans les rangs nobles, et ses membres, transportant leurs réserves financières bourgeoises dans la classe noble, assuraient la continuité de celle-ci, lui fournissaient les moyens matériels de continuer ses services publier et particulièrement ses services militaires. C’était un ordre admirable, dont la valeur nationale était considérable, mais qui ne pouvait