Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/58

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est donc, par tous ses caractères, un corps opposé à l’intérêt national français.

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La bourgeoisie cléricale sert-elle l’intérêt national ? Passivement, oui, et encore dans une mesure restreinte. Activement, non. La bourgeoisie cléricale a perdu dans la démocratie les qualités actives de ses ancêtres ; elle a perdu son organisation et, en même temps, son esprit. Il serait fort injuste de lui adresser aujourd’hui des reproches qui, historiquement, s’appliquent à des collectivités politiques qui ne sont point spécifiquement bourgeoises. Mais il est bon, il est utile de faire de sa situation un tableau sincère, qui lui donnera peut-être le goût de sortir de l’état d’humiliation où elle est à l’entrée du XXe siècle. Il faut dire que la bourgeoisie cléricale, qui a pourtant conservé les traditions (mais inorganisées) de la bourgeoisie classique française, n’est pas en mesure actuellement de les imposer à l’économie française, et par conséquent est hors d’état d’accomplir sa fonction nationale et de lutter, dans la production et les échanges, contre la bourgeoisie juive.

Dans le commerce, dans l’industrie, dans la finance, surtout dans la finance, elle est inférieure à la bourgeoisie juive. Dans l’industrie, elle occupe une haute situation dans un grand nombre de régions françaises, mais elle n’en tire point la prépondérance financière qu’elle devrait posséder. Dans le commerce, ses positions sont encore fortes, mais elle est gagnée chaque jour de vitesse par la bourgeoisie juive et la bourgeoisie judaïsante. Il est vrai que les forces de l’État fonctionnent contre elle. Mais il faut voir en même temps qu’elle est incapable d’une réaction vigoureuse et