Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/3

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LA VIE, L’ŒUVRE ET L’ACTION

par Mme Eliane MONTEL

DE L’ENFANCE A LA THESE

A l'aube de notre Troisième République, la butte Montmartre était un quartier de Paris encore faubourien, parsemé de maisonnettes entourées de jardins et habitées par des ouvriers et par des artistes dont beaucoup en ont chanté la poésie. C'est là que naquit Paul Langevin, le 23 janvier 1872, dans une modeste maison de la rue Ravignan[1]. Il manifesta très tôt des dons exceptionnels, que son père, artisan instruit, et sa mère, fort intelligente, reconnurent et encouragèrent de leur mieux malgré la charge de trois fils. De son père, qui avait dû interrompre ses études, il apprit le goût du savoir et celui du travail bien fait ; de sa mère, le secret du don de soi qu'il lui voyait constamment dispenser avec clairvoyance et discrétion. Par elle, il était descendant du célèbre docteur Philippe Pinel qui, à la fin du 18ème siècle, avait mené une courageuse campagne afin que les aliénés ne fussent plus traités comme des criminels, mais comme des malades.

L'enfant parcourut avec une extraordinaire aisance, dans les écoles primaires successives, une rapide ascension qui l'amena à entrer très jeune, dès l'âge de seize ans, à l'Ecole de physique et de chimie industrielles (EPCI) fondée depuis peu par la Ville de Paris. Classé premier au concours d'entrée, il restera désormais, tout au long de brillantes études, largement en tête de sa promotion. A l'Ecole, il eut comme chef de travaux de physique un jeune savant déjà distingué, qui savait communiquer à ses élèves

  1. La pittoresque placette que forme à cet endroit la rue Ravignan n'a guère changé. Mais la maison elle-même a été récemment incendiée.