Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/34

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Et il consultera aussi en maintes occasions d'autres personnalités qualifiées. Pendant deux ans, il animera d'une foi ardente l'élaboration d'un vaste et audacieux plan de réforme, qui sera discuté dans tous ses détails au cours de réunions hebdomadaires, sur le principe général d'une complète démocratisation et dans un souci essentiel de culture et d'humanisme, que Paul Langevin expose devant la Commission en décembre 1944[1]. Nous n'en pouvons donner ici qu'un bref aperçu.

Tous les enfants doivent recevoir une formation de base commune leur offrant un grand choix d'activités très diverses dans lesquelles puissent se manifester leurs goûts et leurs aptitudes. Puis, une organisation souple des options devra permettre, à tout niveau, les changements d'orientation nécessaires, jusqu'au complet développement de la personnalité. En même temps, l'école devra veiller à la formation du caractère, et aussi, dans un esprit strictement laïque, à l'acquisition des « vertus civiques fondamentales : sens de la responsabilité, discipline consentie, sacrifice à l'intérêt général... non par des cours et des discours, mais par la vie et l'expérience ». Dans ce but, le groupe scolaire à structure démocratique sera organisé avec la participation active des enfants, et une alternance judicieuse de travaux individuels et de travaux d'équipe permettra à chacun d'assumer à tour de rôle diverses fonctions et responsabilités à sa mesure, sous la surveillance de maîtres agissant en guides et en conseillers plutôt qu'en censeurs autoritaires. Pour atteindre à la vraie culture générale, « celle qui fait l'homme ouvert à tout ce qui n'est pas lui-même », il faudra ouvrir de plus en plus largement l'école sur la nature et sur la vie, multiplier les contacts avec les choses et avec les êtres, afin que chacun acquière « une conscience aussi claire que possible de l'effort humain, de la parenté des esprits et de la fraternité des oeuvres : c'est ce qui donne un sens au moindre des efforts, une portée humaine à la plus humble des activités ». Dans ce but, au fur et à mesure du développement de l'esprit, on s'efforcera de « rattacher systématiquement

  1. Culture et humanités, conférence prononcée le 7 décembre 1944, publiée dans « La Pensée », nouvelle série, n° 1, page 25.