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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/12

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xii
Préface.

le caractere annoncé, le peignent, au contraire, sous plusieurs formes. La découverte m’a paru trop précieuse pour ne pas tâcher d’en profiter. J’ai réfléchi sur le caractere que je voulois peindre, j’ai étudié mes originaux, j’ai vu qu’ils mettoient au nombre de leurs jouissances, la considération publique, j’ai vu que pour l’usurper & la faire servir à obtenir les postes, les bienfaits utiles à leur bonheur, ils se paroient tour-à-tour de toutes les vertus ; qu’ils prenoient tour-à-tour le caractere de toutes les personnes dont ils pensoient avoir besoin, & j’ai dit, l’hypocrisie de société est digne d’être mariée à l’Égoïsme ; leur union doublera leur force comique & morale.

Il n’est point dans l’Art étonnant de la Comédie un seul bon ressort qui ne serve à un autre. Moliere ayant une fois renforcé les caracteres principaux avec des caracteres accessoires, il lui est bien plus facile de donner à un personnage cette vigueur qui fait que les ignorans ou les méchans trop bien démasqués, s’écrient à l’invraisemblance ! Si Moliere, à l’hypocrisie d’un séducteur adroit, qui tout en parlant vertu, veut corrompre la femme de son ami, n’avoit joint la scélératesse d’un monstre, qui est le délateur de son bienfaiteur, & qui accompagne un Exempt pour le faire arrêter : si en philosophe