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Page:Cailhava de l’Estandoux - L’égoïsme, 1777.djvu/28

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L’ÉGOÏSME,

DURAND.

Sans doute.

CLERMON.

Sans doute.Sûrement ! Monsieur le Précepteur…
Je me trompe, excusez ! Monsieur l’Instituteur
A fait, par Égoïsme, un parfait Égoïste ;
Sur une pension, tout comme vous, j’insiste :
Je vois que votre élève & la société
Vous doivent beaucoup, mais beaucoup, en vérité !

DURAND, avec impatience.

Je ne suis pas bien sûr qu’il ait ce caractère.

CLERMON.

On connoît son élève au moins pour l’ordinaire.

DURAND.

Depuis près de vingt ans je l’étudie en vain :
Son cœur est une énigme & j’y perds mon latin.
Cent fois j’ai cru le voir rempli de bienfaisance,
Et cent fois pour autrui paîtri d’indifférence,
N’aimer que sa personne.

CLERMON.

N’aimer que sa personne.Alors il seroit mal.
Mon Maître, de ce vice ennemi capital,
À faire des heureux goûte un plaisir extrême,
Et vit pour ses amis, bien plus que pour lui-même.

DURAND, avec empressement.

Comment appelles-tu cet honnête Patron ?

CLERMON.

C’est Monsieur Polidor, frere de Florimon.
Il arrive ce soir.