L’amour-propre saura décider votre amante ;
Et d’ailleurs, croyez-moi, toute femme prudente
D’un témoin indiscret ne fait point son époux :
Au moindre petit mot, il faudroit filer doux.
Prudence, amour, fierté, tout vous sert.
Mais je ressens encor les plus vives allarmes.
Tout va bien. — Du récit de vos tendres chagrins
Allez intéresser parens, amis, voisins.
Bon ! commencez.
Il nous force à brûler d’abord d’un feu discret,
Ou nous laisse avouer — bien bas — notre secret ;
Mais, dès que les jaloux ont vu clair dans notre âme,
L’amour-propre lui même exalte notre flâme :
De Tyran qu’il étoit, c’est un Dieu bienfaisant,
Qui plaide mieux que nous la cause d’un Amant ;
Il nous prouve qu’un goût est à peine excusable,
Mais qu’un amour extrême est toujours respectable.
Dieu sait comme à vingt ans l’on goûte la leçon,
Comme on vise à l’estime !
Ah, ma chère Marton !…
C’est à ce point qu’en est justement votre Amante ;
Et d’ailleurs, croyez-moi, &c.