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autres jours de la semaine, est ce jour-là, celui d’un être moitié femme, moitié serpent. Il est fou de douleur et se repent d’avoir manqué à sa parole, mais il est trop tard.

Mélusine, son secret découvert, s’enfuit immédiatement par une fenêtre, en poussant un grand cri. Jamais le seigneur de Lusignan ne la revit.

Cependant, si Mélusine ne reprit pas sa place auprès de son époux, on assure qu’elle reparaissait parfois en certaines circonstances. C’est ainsi que, lorsqu’un membre de la maison de Lusignan devait mourir ou que le château allait changer de maître, on l’apercevait trois jours de suite, perchée sur le donjon et on l’entendait pousser des gémissements, d’où l’expression souvent employée en Poitou « cris de Mélusine ».

Telle est la légende de la fée Mélusine. Cette légende fut contée pour la première fois dans un roman de chevalerie, écrit en prose et composé en 1387 par le trouvère Jean d’Arras pour Jean, duc de Berry. On suppose qu’il la recueillit aux environs de Lusignan. Le roman de Jean d’Arras fut imprimé en 1478. Mis en vers en 1401, traduit en allemand en 1456, cet ouvrage fut imprimé à Strasbourg et devint en Allemagne un des romans les plus populaires. Certains prétendent que la légende est antérieure à Jean d’Arras et qu’elle remonte beaucoup plus loin que le XIVe siècle. Pour plusieurs elle serait venue d’Orient, pour