Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/163

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Oh ! combien les temps sont changés, depuis cette époque qui ne renferme pas encore un siècle ! Que d’événemens mémorables se sont succédés, pressés, entassés, et ont donné à ce vaste empire un aspect si différent de ce qu’il étoit, quand le père Lachaise descendit dans la tombe.

Assis sur la terrasse du palais abandonné, et pour ainsi dire dans la situation de Marius méditant sur les ruines de Carthage, je remonte par la pensée jusqu’à cette année malheureuse et mémorable de 1709 ; je redescends ensuite, et je parcours avec rapidité tout cet espace compris entre elle et le moment où je suis. C’est une histoire que je compose, et que j’écris avec une plume tirée des ailes du temps ; des ruines me servent de pupitre, et ces ruines sont l’oracle que je consulte pour découvrir la vérité.

Une guerre désastreuse, un hiver excessif et la misère générale qui fut l’effet de ces deux fléaux réunis, avoient rendu cette belle France, naguère si redoutée et si heureuse, l’objet de la douleur de ses enfans, et du mépris insultant des étrangers. Le monarque qui auroit pu remédier à ces malheurs, étoit gouverné par une vieille femme, qui, à son tour, l’étoit