Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/203

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Combien est digne d’éloges la piété d’un fils qui élève un tombeau à celle qui lui donna le jour ! Quel plus bel usage peut-il faire des richesses qu’il en a reçues, ou de celles que son industrie lui a procurées, que d’en consacrer une partie à perpétuer le souvenir de la tendre mère dont il fut le consolateur et le soutien ! Enfans ingrats, venez rougir ici, et que ce monument à la décoration duquel on a fait concourir l’or et le marbre, vous fasse repentir de la coupable parcimonie qui présida à la sépulture de vos parens ! En vain, vous nous direz, pour vous la faire pardonner, que les dépenses que l’on fait pour les morts, sont mieux et plus utilement appliquées aux vivans ; ce n’est point à l’homme qui se promène parmi les tombeaux, commes d’autres dans les bosquets de Tivoli, que vous apprendrez les maximes de la sagesse. Il sait bien que vos raisons ne sont que les excuses de l’avarice et de l’ingratitude ; et il sait aussi que tel qui compte ce qu’il a à dépenser au trépas d’un père ou d’une mère, dont les sueurs l’enrichissent, compte avec une scrupuleuse dureté ce qu’il donne aux malheureux.