Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce jeune guerrier avoit traversé les années périlleuses de la jeunesse ; vingt fois, peut-être, il avoit affronté le trépas sur le champ de bataille, et toujours le trépas avoit fui devant son intrépide courage. Couvert de lauriers, et décoré de l’emblème de l’honneur, il revint dans les paisibles remparts de la cité : il s’y fit remarquer par une sagesse prématurée, comme il s’étoit distingué dans les combats par ses vertus guerrières. Une femme, selon son cœur, n’a d’autres soins que de le rendre heureux ; et lui-même consacre toutes ses pensées et toutes ses affections à cette chère épouse, et à la jeune famille dont un chaste amour l’a rendu père. Avec quelle joie, il se voyoit renaître dans cette aimable postérité ! Qu’ils étoient doux les rêves qu’il se plaisoit à faire des jouissances qu’il goûteroit dans un âge plus avancé, quand il verroit ses fils, dignes de son nom, mériter l’estime du souverain par leurs vertus et leurs talens ! O vanité des espérances humaines !

Le trépas qui s’étoit enfui devant ce guerrier, quand il bravoit les hasards des combats, revient, l’attaque lorsqu’il est devenu époux et père ; et, comme pour se venger de son audace, le renverse et le précipite dans la tombe.