Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/242

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cet éloge, hélas !
est une foible récompense de ses vertus,
comparée à celle dont elle jouit
dans les cieux.

Je m’assieds sur le banc de pierre, place derrière le monument ; et là, seul, sous les regards de Dieu dont la présence m’investit et me pénètre, abîmé dans les utiles pensées du trépas, et attendri par le lugubre spectacle que j’ai devant les yeux, j’unis mes soupirs et mes regrets à ceux des parens et de l’époux désolé de la jeune femme dont l’insensible dépouille est chaque jour imbue des larmes de la plus amère douleur. Pour m’affliger davantage, je tâche de me faire illusion… Je me persuade à moi-même que c’est moi qui ai fait cette perte déplorable. Je me rappelle ces jours de bonheur, de délices, sitôt écoulés… Ces tendres et chastes effusions d’un amour vertueux. Des pleurs s’échappent de mes yeux… Ma tête s’incline sur ma poitrine. Une vive et sombre douleur m’oppresse, et je ne sens plus, à force de sentiment.

Mais, tout-à-coup, mes regards s’élèvent, un transport religieux exalte ma pensée ; une