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LES BOULLONGNE DU BEAUVAISIS, DITS BOULLONGNE-TAVERNIER

LES BOULLONGNE DU BEAUVAISIS, DITS BOULLONGNE-TAVERNIER

tribuent la paternité de Saint-Georges a d’autres Boullongne, et notamment au frère de Guillaume-Pierre, dit Boullongne de Préninville, dont nous allons parler. C’est, comme on le voit, une erreur[1]

Cette équipée de jeunesse n’empêcha pas Guillaume-Pierre de Boullongne-Tavernier de devenir Secrétaire du Roi et Audiencier au Parlement de Metz et d’épouser en 1748 une orpheline, Mlle Perrette-Catherine de Ravenel, fille d’un Receveur général qui lui apportait une grosse fortune et le faisait devenir le beau-frère du marquis de Sinéty, lequel avait épousé sa sœur Marie-Anne. Or, l’orpheline avait pour tuteur honoraire Jean-Marie Richard, écuyer, Receveur Général à Tours, fils de Jean-Pierre Richard, également de son vivant Receveur Général à Tours, et de Marie-Anne de Boullongne, dernière fille du grand peintre Louis III de Boullongne et de Marguerite Bacquet. Il nous paraît donc de toute évidence que cette union fut l’œuvre des Boullongne de Paris dont tous les survivants à ce moment assistent au contrat avec le Maréchal et le Comte de Maillebois ; entre autres : « dame Marguerite Bacquet » que nous venons de rappeler, indiquée ici comme « cousine des deux côtés », Jean de Boullongne, le futur Contrô1eur-Général, sa femme Catherine de Beaufort, et son fils, Jean-Nicolas de Boullongne, tous qualifiés de « cousins ». Deux ans après ce mariage, le 4 Janvier 1750, Guillaume-Pierre devenait Trésorier-Général alternatif des Colonies Francai-

gardes du duc de Chartres, fils de ce prince et le futur. Philippe-Égalite, dont il devint bientôt l’ami et le confident. Il prit une part active aux intrigues du Palais-Royal au commencement de la Révolution. Il alla même remplir, au nom de son maître, une mission auprès des émigrés installés à Tournai, et échoua complètement. En 1792, il leva un corps de Chasseurs à cheval qu’il conduisit, comme colonel, à l’armée du Nord contre les Prussiens. Il y montra une grande bravoure, et lors de la défection de Dumouriez, son général, il se fit son dénonciateur. Revenu ensuite à Paris, il y fut arrêté comme suspect et ne dut la vie qu’au 9 thermidor. Il mourut à 54 ans le 12 juin 1799. C’était un assez bon musicien : il composa des concertos qui eurent de la vogue et fit jouer plusieurs opéras et opéras-comiques beaucoup moins appréciés du public. (V. la Correspondance de Grimm et la notice historique placée en tête du Traité de l’art des armes, par La Boissière fils). Roger de Beauvoir l’a pris pour héros d’un roman qui eut du succès.

  1. Cette erreur a été commise notamment par un historien de premier mérite, M. Alfred Chuquet, membre de l’Institut, dans la publication des Souvenirs du baron de Fenilly, Paris, 1908, 1 vol. in-8, p.- 215, note. M. Chuquet se trompe aussi en faisant de Boullongne de Préninville le patron de Piron (v. plus haut, p. 76 et suiv.)