Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/20

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plupart des hommes le sont sans cela ; mais ce n’est pas de quoi il s’agit à présent : ainsi revenons à nos moutons.

Je dis que si l’on veut se prévaloir des qualités extérieures pour juger les animaux entr’eux, il est certain que l’âne doit avoir la préférence ; son aspect n’est ni terrible, ni effrayant ; il n’est ni petit maître, comme un jeune abbé, ni arrogant comme un riche ennobli, ni évaporé comme une femme de quinze ans. La décence et la simplicité sont son apanage : il a un air grave qui lui est propre ; à le voir seulement marcher, on est charmé de sa modestie ; il va toujours les yeux baissés et d’un pas égal. Si sa démarche est lente, elle est du moins fort majestueuse ; il n’y a que les fous qui galopent : un juge, un évêque, un recteur ne courent jamais.

On ne voit point l’ânesse, pour plaire, passer une partie du jour à se mirer, à s’embellir. Toujours belle, toujours la même, une simplicité naturelle, répand sur sa personne, tout le velouté des grâces. Un poil d’un gris argenté, agréable à