mer à la démarche des ânes ; elle fait honneur à nos baudets et rendra les chevaux moins orgueilleux.
Si ce qu’on m’a dit est vrai, ils n’ont pas lieu de l’être : on m’a rapporté qu’un certain seigneur, homme fort équitable et fort judicieux, fit pendre il y a quelque temps un cheval dans son écurie pour avoir cassé la jambe à son cocher. On ne reprochera point à nos baudets une pareille infâmie. Depuis que le monde existe, il n’y en a jamais eu de pendus.
Il y a plus, c’est que jamais on n’a rendu plainte contre eux : et sans une femme qui voulut il y a quelques années empêcher un âne de renouveler connaissance avec une jolie ânesse de ses amies, jamais la justice n’aurait entendu parler d’eux.
Ô combien de gens voudraient n’avoir jamais monté que des ânes ! l’univers aurait-il craint d’être rôti ? Jupiter aurait-il été obligé de foudroyer Phaeton, si quatre baudets avaient traîné le char du soleil ? Hélas ! quel avantage l’homme lui-même n’en tirerait-il pas ? La démarche grave