Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/84

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d’occupation, s’il n’y avait que des ânes dans le monde : nés robustes, endurcis par le travail, modérés dans leurs repas, nos baudets ne prennent point de Kirsch-Wasser pour aider à la digestion ; ils ignorent ce que c’est que d’être malade ; la santé brille dans leurs yeux ; le germe de la vie est dans leur cœur. Les ânesses partagent avec eux ce rare avantage, et leurs petits naissent sains et robustes comme eux.

Ce n’est point non plus l’usage parmi les ânes de Montmartre, de rougir de sa santé ; ils n’ont point de ces maladies complaisantes, qui surviennent et se dissipent à la volonté du malade. On n’a jamais vu à leur lever, un disciple d’Esculape leur tâter le pouls, leur regarder la langue, et prenant du tabac d’Espagne dans une boîte d’or, ordonner un lait de poule à Madame, et des restaurants à Monsieur. La satisfaction, un bon régime, de l’exercice, voilà les remèdes de l’âne, voilà ses médecins.