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MAISON À DEUX PORTES.

ler demain chez elle ; mais qu’elle dût venir ici, il n’en a pas été question.

laura, à Marcela.

Eh quoi !… je ne suis pas venue vous voir cette après-dînée, et il n’a pas été convenu entre nous que je m’établirais ici à votre place, et que vous…

marcela.

Je ne me rappelle rien de tout cela.

don félix.

Vous voyez, Laura, le mauvais succès de votre ruse. Aussi, comment voulez-vous persuader que ma sœur ait passé la nuit avec vous, lorsqu’elle était bien tranquille dans sa chambre ?

laura.

C’est bien mal à vous, Marcela, de mentir de la sorte.

marcela, bas, à Laura.

Il faut d’abord songer a soi.

laura.

Eh bien ! puisque j’y suis forcée, puisqu’on m’accuse injustement, je dirai la vérité. Écoutez-moi, don Félix.

On frappe en dehors.
silvia.

On frappe à la porte !

lisardo, du dehors.

Ouvrez, don Félix !

don félix.

Vous n’avez pas besoin de parler, Laura ; voici votre galant !

laura, à part.

Mon cœur renaît à l’espérance !

marcela, à part.

Que ne puis-je avertir Lisardo !


Entre LISARDO.
lisardo.

J’ai tardé un peu, don Félix, afin de m’assurer qu’on ne me suivait pas. — Où avez-vous mis cette dame ?

don félix.

Elle est ici devant vous. Mais avant qu’elle vous soit rendue par moi, vous m’arracherez l’âme !

lisardo.

Je n’aurais pas cru, jusqu’à cette heure, qu’un noble cavalier s’avisât de trahir son ami, en ayant l’air de lui prêter secours — Je vous demande de nouveau la dame que je vous ai confiée.

don félix, montrant Laura.

N’est-ce pas celle-ci ?

lisardo.

Non.