L’estrap !… Qu’est-ce donc qu’on va me donner, seigneur[1] ?
L’estrapade.
Je ne suis pas homme à être traité ainsi.
Oh ! comme ils vont me l’arranger de ce coup !
Pour Dieu ! Rebolledo, tais-toi ; je m’engage à te tirer de là.
Je n’ai guère envie de me taire ; car si je me tais, on me liera les mains derrière le dos comme à un soldat qui s’est mal conduit. (Haut.) Le capitaine m’a ordonné de feindre une querelle avec lui, afin d’avoir un prétexte pour entrer ici.
Vous voyez maintenant, seigneur, que nous n’avions pas tort.
Si fait, vous avez eu tort, et vous avez exposé votre village à être mis sens dessus dessous. — Holà, tambour, à l’ordre ! que tous les soldats rentrent au corps de garde, et que personne ne sorte de la journée sous peine de mort !… Et pour que vous ne restiez plus tous les deux sur les difficultés qui se sont élevées entre vous et que vous soyez également satisfaits, (au capitaine) cherchez un autre logement : à compter de ce jour je m’installe dans cette maison jusqu’à ce que nous partions pour Guadalupe, où est le roi.
Je ne sais qu’obéir à vos ordres.
Rentrez, ma fille. (Elle s’en va. À don Lope.) Je vous rends mille grâces, seigneur, pour la bonté que vous avez eue d’arrêter cette affaire, car je me serais perdu.
Comment donc vous seriez-vous perdu, dites-moi ?
En tuant un homme qui aurait cherché à m’offenser le moins du monde.
Savez-vous, vive Dieu ! qu’il est capitaine ?
- ↑ Tra… que han de darme, señor ? Estrapade se dit en espagnol trato de cuerda. Ainsi Rabolledo, dans le texte, ne prononce que la première syllabe du mot trato
bois, les mains liées derrière le dos avec une corde qui soutenait tout le poids du corps, et on le laissait tomber avec raideur jusqu’à deux ou trois pieds de terre.