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JOURNÉE III, SCÈNE II.

crespo, à part.

Ô ciel ! au moment même où je songe à me venger, voila qu’on me rend l’arbitre de mon honneur en remettant entre mes mains le bâton de la justice !… Comment oserai-je me rendre coupable d’un attentat, en cette heure où je viens d’être nommé juge pour poursuivre les délits et les crimes !… Mais tout cela demande de longues réflexions. (Au Greffier.) Je suis très-reconnaissant de l’honneur qu’on vient de m’accorder.

le greffier.

Venez, seigneur, à la salle du conseil prendre possession de votre charge ; et aussitôt vous pourrez procéder aux informations.

crespo.

Marchons. Vous pouvez retourner chez vous.

isabelle.

Que le ciel ait pitié de moi ! Mon père, dois-je vous accompagner ?

crespo.

Ma fille, votre père est alcade ; il saura vous faire rendre justice.

Ils sortent.

Scène II.

Une maison de Zalaméa.
Entrent LE CAPITAINE, blessé, et LE SERGENT.
le capitaine.

Puisque je n’avais rien ou peu de chose, pourquoi m’avez-vous transporté ici ?

le sergent.

Nous ne pouvions pas savoir ce que c’était avant qu’on vous eût pansé. Maintenant qu’on a vu ce que c’est, il ne faudrait pas exposer votre vie, à cause de la blessure ; mais nous devions avant tout arrêter le sang qui coulait.

le capitaine.

Maintenant que me voilà pansé, ce que nous avons de mieux à faire, c’est de repartir au plus tôt, avant qu’on nous sache au village. Les autres sont-ils ici ?

le sergent.

Oui, seigneur.

le capitaine.

Éloignons-nous de ces vilains. S’ils apprenaient que je suis ici, nous serions obligés d’en venir aux mains avec eux.


Entre REBOLLEDO.
rebolledo.

Seigneur, voici la justice qui entre.