La dame s’en est donné toute seule la permission.
Plaise à Dieu que ce stratagème de ma maîtresse ne tourne pas contre nous, et que tout cela ne finisse pas mal !
Qui cherchez-vous, madame ? (Flora lui fait signe que c’est lui.) Est-ce moi ?… (Elle lui fait signe que oui.) Vous ne savez donc pas parler ?
Elle dit que non, mon seigneur… Cela n’est pas commun chez les masques.
Vous voulez que je prenne cette lettre ?… et que je la lise ?… et que je garde le silence ?… Écoutez… Attendez. Ne devez-vous pas reporter la réponse ?… non. Eh bien ! quoique tout cela puisse n’être qu’une mauvaise plaisanterie permise par l’usage en ce pays, à l’époque du carnaval, je veux vous récompenser de votre peine. Tenez, prenez.
Quelle est donc, grand Dieu ! cette femme qui se tait, donne et refuse de prendre ? (Haut.) Seigneur, voici le seigneur Lidoro qui entre.
Pour qu’il ne vous trouve pas ici, je vous laisse aller.
Pardieu ! il faut que je la suive, car ce serait affreux de perdre sitôt une femme aussi rare ! Vous ne voulez pas que je vous suive… vous dites qu’il y a en bas quelqu’un qui me maltraiterait ? et vous me présentez, à moi aussi, un papier en me recommandant de lire et de me taire ?… (Il prend une lettre que Flora lui présente.) Allons ! je ne savais pas que dans ce pays on pût faire pour moi tant de mystère ! (Flora sort.) Eh bien ! ne voilà-t-il pas qu’elle a décampé !
Tais-toi, Tristan ; nous découvrirons plus tard ce que signifie cette plaisanterie.
Comment avez-vous passé la nuit, don César ?
Ne devais-je pas, seigneur, la passer on ne peut mieux, étant dans votre maison ?