offense. Non, je vous aime ; je vous aime avec un dévouement absolu ; vous êtes la vie de mon âme et l’âme de ma vie… Mais ce que je dois vous dire, malgré le trouble où je suis, c’est que celle qui eût été hier votre esclave ne sera pas aujourd’hui votre épouse. Si hier vous n’osiez pas aspirer à ma main, et si cette hardiesse ne vous est venue qu’aujourd’hui ; moi, de mon côté, je dois, dans votre intérêt, aujourd’hui, vous refuser. Riche et honorée, je ne me croyais pas digne de vous ; je ne me flattais d’un tel bonheur que parce que je le souhaitais. Comment pourrais-je maintenant vous entraîner dans ma disgrâce ? et ne dirait-on pas dans le monde que pour obtenir ma main vous avez attendu que je fusse déshonorée ?
Je le veux pour vous venger.
Je vous aime trop pour l’accepter.
N’est-ce pas vous prouver ma tendresse ?
N’est-ce pas vous montrer mon dévouement ?
Vous ne pourrez vous y refuser.
Je pourrai me donner la mort.
Je dirai à don Juan que nous nous aimons.
Je lui dirai que vous êtes dans l’erreur.
Quoi : c’est là votre constance ?
Ainsi le veut l’honneur.
Vous vantiez votre amour pour moi !
À présent je vous le prouve, et je jure, devant le ciel qui m’entend, je jure que jamais, non jamais, je ne donnerai à un homme le nom d’époux tant que mon honneur ne sera point rétabli dans son premier éclat.
Eh ! qu’importe, Clara, si mon épée…
Voici mon maître. Il monte dans cet appartement avec d’autres cavaliers.
Cachez-vous, Alvar, dans cette pièce.