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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.

Entrent LÉONOR et INÈS.
inès.

Elle est ici ; entrez.

béatrix.

Qui me demande, Inès ?

léonor.

Une femme infortunée, qui, si vous lui permettez de baiser votre blanche main, pourra braver désormais son destin cruel, puisqu’elle trouvera dans votre bonté un refuge assuré contre les coups du sort.

béatrix.

Levez-vous, mon amie.

léonor, à part.

Que ce ton de protection m’est pénible[1] !

béatrix.

Que désirez-vous ?

léonor.

Voici une lettre qui vous en instruira.

béatrix.

De qui est-elle ?

léonor.

De doña Violante.

béatrix.

Inès, qu’elle est jolie !

inès.

Comme ci, comme ça.

léonor.

Ô fortune ! à quelle extrémité m’as-tu réduite ? Et cependant, si le passé m’afflige, l’avenir m’effraie plus encore.

béatrix.

Violante m’écrit dans cette lettre qu’ayant appris que j’ai marié une de mes femmes, elle me prie de vous recevoir pour la remplacer.

léonor.

Hélas !

béatrix.

Elle est sûre, dit-elle, de votre réputation, de votre vertu, et répond que je n’aurai qu’à me louer de vous. Sa recommandation me suffit.

léonor.

Je vous exprime de nouveau toute ma reconnaissance.

béatrix.

D’où êtes-vous ?

  1. Dans l’espagnol, Béatrix vient de parler à Léonor sans ajouter usted, ce qui est la forme employée par une personne qui parle à son inférieur.