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Page:Calderón - Théâtre, trad. Hinard, tome II.djvu/287

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JOURNÉE III, SCÈNE V.

don alvar.

J’ignore son nom.

garcès.

Dans quel terce sert-il ?

don alvar.

Je l’ignore.

garcès.

Quelle est sa figure, sa taille ?

don alvar.

Je l’ignore également.

garcès.

En ce cas, vous aurez un peu de mal à le découvrir, ne sachant ni son nom, ni son signalement, ni le corps dans lequel il doit servir.

don alvar.

Eh bien ! sans savoir un mot de tout cela, j’ai déjà été au moment de le découvrir.

garcès.

Ce ne sont pas des énigmes faciles à deviner que les vôtres. Mais ne vous inquiétez pas : son altesse, j’en suis sûr, m’accordera la vie ; car l’on m’a les plus grandes obligations : sans moi l’on ne serait pas entré à Galère ; et dès que nous serons libres, je vous aiderai à retrouver l’occasion que vous avez perdue, et comme votre obligé, je me tiendrai à vos côtés, soit pour le bien, soit pour le mal, vive Dieu !

don alvar.

Ah ! c’est vous qui êtes entré le premier à Galère ?

garcès.

Oui, malheureusement pour moi.

don alvar.

Comment cela ? C’est, au contraire, une action dont vous devriez vous vanter.

garcès.

C’est que depuis ce jour fatal, je ne sais quel destin contraire, quelle mauvaise étoile me poursuit : tout ce que j’entreprends tourne à mal ; il ne m’arrive que des malheurs.

don alvar.

D’où vous vient cette idée ?

garcès.

Qune sais-je ? peut-être de ce que ce jour-là j’ai tué une Morisque, et le ciel s’en sera offensé parce que c’était vraiment une beauté céleste.

don alvar.

Quoi ! elle était si belle ?

garcès.

Oui.