de tant de joyaux, qu’il semblait qu’elle allendit son amant et qu’elle se fût parée pour l’hymen. Moi, voyant tant de beauté, je désirai lui accorder la vie, pourvu que son cœur me promît sa rançon. Je voulus lui prendre la main, mais elle : « Chrétien, dit-elle avec une noble modestie, si c’est l’ardeur du gain qui t’attire en ces lieux, — car le sang d’une femme souillerait ton épée, — que ces bijoux satisfassent ta soif des richesses, et renonce à toute tentative sur un cœur qui renferme des mystères que lui-même ne connaît pas encore. » Je la pris dans mes bras…
Arrête ! arrête ! que fais-tu, malheureux ! (Revenant à lui.) Que dis-je !… je suis un insensé… Ce sont mes chagrins qui me troublent et m’entraînent… Achevez, votre récit me sera une distraction. (À part.) Ah ! je le hais plus encore pour son audace que pour son crime.
Croyant sa vie et son honneur menacés, elle poussa des cris. Des soldats accoururent. Moi alors, jugeant que j’avais perdu l’un des prix de mon audace, je voulus du moins conserver l’autre et ne pas entrer en partage avec les soldats qui venaient. Aussi mon amour se changeant en vengeance, — la passion nous emporte si rapidement d’un extrême à l’autre ! — et entraîné par je ne sais quelle furie qui conduisait mon bras, — je ne sais comment j’ose vous raconter une action si infâme, — abandonnant tout un ciel de lis et de roses pour m’emparer de ses diamans et d’un collier de perles, je lui perçai le sein.
Est-ce ainsi que fut porté le coup de poignard ?
Je me meurs.
Cela être bien fait.
Meurs, traître !
C’est toi qui me tues ?
Oui, cette beauté assassinée était l’âme de ma vie, et aujourd’hui encore elle est la vie de mon âme. C’est toi que je cherchais, c’est toi que je poursuivais sans te connaître, animé, excité par l’espoir de la vengeance !
Ah ! tu m’as frappé désarmé, en trahison !
Les lois de l’honneur ne sont pas de saison pour punir un assas-